L’organisation de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch (HWR), a indiqué mercredi 22 octobre 2014 que « le président français François Hollande devrait exhorter son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliyev à remettre en liberté quatre défenseurs des droits humains emprisonnés injustement en Azerbaïdjan. Ces quatre militants sont parmi les dizaines de personnes qui ont été emprisonnées dans le cadre de la répression croissante exercée par le gouvernement azerbaïdjanais à l’encontre de ses détracteurs ».
François Hollande doit rencontrer le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, à Paris le lundi 27 octobre 2014, à l’occasion d’un sommet organisé par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur le conflit non résolu du Nagorno-Karabakh. Le Nagorno-Karabakh est une région autonome en Azerbaïdjan, peuplée majoritairement d’Arméniens, en partie sous le contrôle de l’armée arménienne. La région du Haut-Karabakh s’est déclarée indépendante de l’Azerbaïdjan en septembre 1991 et prend le nom de « République du Nagorno-Karabakh ». Ce dernier a alors annulé l’autonomie de la région. Une guerre éclate de 1991 à 1994 faisant près de 20 000 morts. Une trêve est proclamée le 12 mai 1994. Des négociations sur le règlement pacifique du conflit se déroulent depuis 1992 dans le cadre du Groupe de Minsk de l’OSCE Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, coprésidé par les États unis, la France et la Russie. Jean-Marie Fardeau, directeur France à Human Rights Watch, a déclaré : « Le président Hollande a une occasion précieuse d’aborder les questions relatives aux droits humains avec le président azerbaïdjanais, et il ne devrait pas la laisser passer. Les chefs d’accusation retenus contre ces militants en Azerbaïdjan reposent sur des motivations politiques et la voix de François Hollande serait d’un grand secours pour aider à obtenir leur libération ». Jean-Marie Fardeau a ajouté : « Alors qu’ils risquaient eux-mêmes d’être arrêtés, ces défenseurs des droits humains travaillaient pour la justice. Le président Hollande devrait dire clairement à Ilham Aliyev que les relations de l’Azerbaïdjan avec la France ne peuvent se poursuivre comme si de rien n’était tant que ces quatre personnes restent derrière les barreaux et que la répression des voix indépendantes se poursuit ». Ces quatre militants sont : Leyla Yunus et son mari, Arif Yunus, éminent historien, qui risquent tous les deux vingt ans d’emprisonnement après des accusations de crimes économiques et trahison ; Intigam Aliyev, avocat et responsable de l’organisation non gouvernementale « Legal Education Society », en détention préventive depuis le 8 août 2014 pour fraude fiscale, et Rasul Jafarov, président du Club des droits humains, organisation que les autorités azerbaïdjanaises refusent d’enregistrer, arrêté le 2 août 2014 sous l’accusation d’entreprise illégale, fraude fiscale et abus de pouvoir. Avant leur arrestation, Leyla Yunus, Rasul Jafarov et Ilham Aliyev travaillaient ensemble à l’établissement d’une liste annotée de prisonniers politiques en Azerbaïdjan, dans l’intention de la présenter au Conseil de l’Europe et à d’autres institutions intergouvernementales. Le chef de HRW France a conclu : « Les autorités azerbaïdjanaises prétendent que les accusations portées contre ces quatre défenseurs des droits humains ne reposent pas sur des motifs politiques, mais ces affirmations ne résistent pas à l’examen. Il faut un courage extraordinaire pour soutenir les principes des droits humains en Azerbaïdjan et ces militants courageux des droits humains ont besoin que François Hollande parle en leur nom ».