La Commission d’enquête de l’ONU, établie par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en mai 2013, composée de Michael Donald Kirby, juge australien à la retraite, et de Sonja Biserko, fondatrice et présidente du Comité Helsinki pour les droits de l’homme en Serbie, a publié lundi 17 février 2014 son rapport de plus de 400 pages sur les violations des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).
La Commission d’enquête de l’ONU n’ayant pas été autorisée à se rendre en Corée du Nord a recueilli le témoignage direct de plus de 80 témoins lors d’audiences publiques à Séoul, Tokyo, Londres et Washington. Elle a aussi mené plus de 240 entretiens confidentiels avec des victimes et témoins, y compris à Bangkok, en Thaïlande. Le rapport révèle que « de crimes contre l’humanité, découlant de politiques établies au plus haut sommet de l’État, ont été commis et continuent d’être commis en République populaire démocratique de Corée (RPDC) ».
Le rapport, qui contient des pièces justificatives et des témoignages directs de victimes et de témoins, documente de « manière très détaillée les atrocités innommables » commises en Corée du Nord. Selon le rapport, ces crimes contre l’humanité impliquent des exterminations, meurtres, esclavage, tortures, emprisonnements, viols, avortements forcés et autres formes de violences sexuelles, persécutions pour des motifs d’ordre politique, religieux, racial ou sexiste, le transfert forcé de populations, les disparitions forcées de personnes et des actes inhumains causant intentionnellement une famine prolongée. La Commission d’enquête estime que la communauté internationale doit accepter sa responsabilité de protéger le peuple de la RPDC des crimes contre l’humanité, étant donné l’échec manifeste du gouvernement de ce pays à le faire. Selon la Commission, la RPDC affiche de nombreux attributs caractéristiques d’un État totalitaire.
Le nombre de prisonniers politiques se situerait entre 80 000 et 120 000 personnes détenues dans quatre grands camps où la famine est utilisée de manière délibérée pour les contrôler et les punir. La Commission d’enquête de l’ONU exhorte tous les États à respecter le principe de non-refoulement, qui consiste à ne pas renvoyer de force des réfugiés vers leur pays d’origine. Enfin, la Commission d’enquête appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à adopter des sanctions ciblées contre les personnes qui semblent porter la responsabilité la plus lourde pour ces crimes contre l’humanité.