Lors d’une réunion du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui s’est tenue lundi 17 mars 2014 à Genève en Suisse, siège de l’organisation, le Président de la Commission d’enquête de l’ONU sur les droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), Michael Donald Kirby, juge australien à la retraite, a rappelé son dernier rapport de 400 pages qui fait état de violations graves systématiques et généralisées des droits de l’homme dans ce pays, qui constitueraient des crimes contre l’humanité.
Soulignant : « Ces crimes ont été commis contre des prisonniers politiques et autres personnes détenues dans des camps, contre des populations affamées, contre des personnes religieuses et contre ceux qui ont tenté de fuir le pays, dont ceux qui ont été rapatriés de force par la Chine ». « Ces crimes découlent de politiques établies au plus haut sommet de l’État. La gravité, l’étendue, la durée et la nature de ces atrocités immondes révèlent un État totalitaire sans parallèle dans le monde à l’époque contemporaine. Les preuves de ces crimes ont été ignorées depuis trop longtemps par le reste du monde ». La Commission d’enquête a exhorté les États membres de l’ONU de reconnaître leur responsabilité de protéger et de mettre en œuvre les recommandations du rapport, particulièrement ceux concernant la responsabilité des auteurs et commanditaires des crimes et le renvoi de la situation en RPDC devant la Cour pénale internationale. Le rapport révèle que « des crimes contre l’humanité, découlant de politiques établies au plus haut sommet de l’État, ont été commis et continuent d’être commis en République populaire démocratique de Corée (RPDC) ». Le rapport, qui contient des pièces justificatives et des témoignages directs de victimes et de témoins, documente de « manière très détaillée les atrocités innommables » commises en Corée du Nord. Selon le rapport, ces crimes contre l’humanité impliquent des exterminations, meurtres, esclavage, tortures, emprisonnements, viols, avortements forcés et autres formes de violences sexuelles, persécutions pour des motifs d’ordre politique, religieux, racial ou sexiste, le transfert forcé de populations, les disparitions forcées de personnes et des actes inhumains causant intentionnellement une famine prolongée. La Commission d’enquête estime que la communauté internationale doit accepter sa responsabilité de protéger le peuple de la RPDC des crimes contre l’humanité, étant donné l’échec manifeste du gouvernement de ce pays à le faire. Selon la Commission, la RPDC affiche de nombreux attributs caractéristiques d’un État totalitaire. Le nombre de prisonniers politiques se situerait entre 80 000 et 120 000 personnes détenues dans quatre grands camps où la famine est utilisée de manière délibérée pour les contrôler et les punir. La Commission d’enquête de l’ONU exhorte tous les États à respecter le principe de non-refoulement, qui consiste à ne pas renvoyer de force des réfugiés vers leur pays d’origine. Enfin, la Commission d’enquête appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à adopter des sanctions ciblées contre les personnes qui semblent porter la responsabilité la plus lourde pour ces crimes contre l’humanité.