À 26 ans, la réalisatrice afghane Shahrbanoo Sadat née en Iran a bravé des montagnes pour parvenir à réaliser son premier long métrage, inspiré de sa vie dans un village rural et isolé d’Afghanistan.
On la prendrait pour une jeune étudiante parisienne, avec ses cheveux courts, sa robe à fleurs sous son pull vert, ses collants assortis et sa monture de lunettes à la mode. Pourtant, Shahrbanoo Sadat, 26 ans, a combattu l’autorité de son père et les traditions rurales d’un village reculé d’Afghanistan pour pouvoir nous parler, en ce froid matin de novembre, de l’incroyable parcours qui l’a menée à la réalisation d’un film. Car la jeune femme que l’on rencontre dans le 11e arrondissement de Paris a — littéralement — bravé des montagnes pour parvenir à tourner son premier long métrage, Wolf and Sheep.
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Née à Téhéran en 1990, elle a vécu toute son enfance dans la capitale iranienne jusqu’à ce que ses parents, des réfugiés afghans, décident de retourner dans leur village natal avec leurs cinq enfants. Pour la jeune fille, alors âgée de 11 ans, c’est un choc. Son père a été un des rares réfugiés à faire ce choix plutôt que d’aller dans une grande ville comme Kaboul. « Je parlais afghan avec un accent iranien et eux parlaient hazaragi [dialecte de cette région de l’Afghanistan, NDLR], et je ne comprenais rien à ce qu’ils disaient. Je n’avais aucun ami, pour eux, j’étais une étrangère », se souvient-elle.
De fait, la jeune Shahrbanoo se sentait iranienne, plus qu’afghane. « Je n’avais aucune connaissance de l’Afghanistan ou de Kaboul. En Iran, nous vivions comme des Iraniens, alors que les autres familles afghanes, elles, vivaient ensemble dans des colonies, avec beaucoup d’Afghans autour, et continuaient à parler la langue. Pour mes parents, ce retour fut l’un des meilleurs moments de leur vie. Pour moi, c’était tout l’inverse, car je n’avais aucune connexion avec ce pays. Je ne voyais aucun futur pour moi dans ce village. »
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Après quatre ans à se sentir telle une « outsider », une étrangère, comme elle le répète plusieurs fois dans son anglais courant, la jeune fille prend la décision de retourner à l’école, pour tenter d’échapper au destin qui lui est promis : un mariage à 18 ans. « L’école la plus proche était dans une autre vallée, il fallait marcher trois heures aller et trois heures retour dans les montagnes, soit six heures par jour, pour s’y rendre », explique-t-elle. Autre problème : c’est une école de garçons… Mais elle réussit à convaincre son père et le département d’éducation de la province de Bâmyân de l’inscrire. Et tous les jours, pendant trois ans, elle se rend sans relâche à l’école.
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Dans une région isolée d’Afghanistan, les gens croient dur comme fer aux contes fantastiques qu’ils inventent pour expliquer les mystères du monde. La montagne appartient aux enfants bergers, mais bien que les adultes ne les surveillent pas directement, ils obéissent aux règles, la principale étant que garçons et filles ne doivent pas se côtoyer. Tandis que les garçons s’entraînent à la fronde avec l’espoir d’éloigner les loups, les filles fument en secret et jouent à se marier. Elles se moquent et tiennent à l’écart Sediqa, 11 ans, qu’elles considèrent comme maudite.
Quodrat, âgé lui aussi de 11 ans, devient un nouveau sujet de commérages quand sa mère, qui est veuve, se remarie avec un homme bien plus âgé qui a déjà deux épouses. Mais un jour, Quodrat rencontre Sediqa.<