Ouverture lundi 7 octobre 2013, et jusqu’au vendredi 11, à Kumamoto, dans le sud-ouest du Japon, d’une conférence organisée par l’ONU pour signer et ratifier un accord, nommée Convention de Minamata, visant à réduire au niveau mondial les émissions de mercure très toxiques pour la santé et l’environnement, mais aussi la production et les utilisations du mercure, en particulier lors de la fabrication de produits et lors de processus industriels. Des délégués de 140 pays participent à cette conférence. Ce traité de l’ONU, qualifié d’historique, sera soumis à la signature mercredi 9 octobre 2013. Les participants à la conférence vont se rendre à Minamata mercredi 9 octobre 2013 pour rendre hommage aux 1700 personnes victimes d’un empoisonnement au mercure dans les années 1950. Selon l’organisation de défense des droits de l’homme, Human Rights Watch (HWR), le bilan des victimes serait bien supérieur. Des dizaines de milliers d’autres personnes ont souffert d’invalidités permanentes (lésions au cerveau, incapacités intellectuelles, anomalies congénitales et autres problèmes de santé). De nombreuses victimes étaient des enfants. En vertu de la convention de Minamata, les pays abritant des mines d’or de petite taille devront mettre au point des plans d’action nationaux. Les plans couvriront des mesures visant à éliminer les pratiques particulièrement nocives, comme la combustion de l’amalgame or-mercure dans des zones résidentielles et la combustion de l’amalgame sans les dispositifs appropriés pour la capture du gaz de mercure ainsi généré. Alors que la convention ne fixe aucune date de fin pour l’usage du mercure dans les mines, elle oblige les gouvernements à réduire l’usage du mercure et à promouvoir des méthodes alternatives sans mercure. « Les gouvernements devraient envoyer un signal de soutien clair en signant dès à présent la convention, à l’occasion de la conférence diplomatique », a indiqué Human Rights Watch. « Ils devraient également prendre les mesures nécessaires pour s’assurer que leur parlement ratifie la convention aussitôt que possible ». Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), sur les 100 dernières années, les quantités de mercure présentes dans les 100 premiers mètres de profondeur des océans, et provenant d’émissions liées à l’activité humaine, ont doublé. Les concentrations dans les eaux profondes ont, elles, augmenté de 25 %. Selon un rapport du PNUE, en date du 9 janvier 2013, intitulé « Évaluation globale sur le mercure 2013 (en anglais « Global Mercury Assessment 2013 »), les émissions de ce métal toxique liées à l’extraction minière artisanale ont doublé depuis 2005. L’Asie est la région qui émet le plus de mercure en comptabilisant un peu moins de la moitié des émissions mondiales. Pour la première fois, cette étude du PNUE évalue les rejets de mercure dans les rivières et les lacs et révèle qu’environ 260 tonnes de mercure – contenues auparavant dans les sols – sont libérées dans les rivières et les lacs. La majorité des expositions humaines au mercure sont dues à la consommation de poisson contaminé. Les milieux aquatiques sont donc un chaînon stratégique de la santé humaine. On estime à 200 tonnes la quantité de mercure qui se dépose dans l’Arctique chaque année, généralement loin de l’endroit où il a été rejeté. Des études montrent que les niveaux de mercure chez certaines espèces de la faune arctique ont été multipliés par dix au cours des 150 dernières années, principalement à cause de l’activité humaine. D’après le rapport du PNUE, les émissions mondiales de mercure sont restées plutôt stables au cours des vingt dernières années. En 2010, les émissions liées à l’activité humaine ont ainsi été estimées à un peu moins de 2 000 tonnes. La convention a été négociée pendant plus de trois ans sous les auspices du PNUE. Elle entrera en vigueur lorsque 50 gouvernements l’auront ratifiée. Une fois applicable, la convention offrira un mécanisme financier visant à aider les gouvernements à développer les ressources nécessaires et à apporter une assistance technique aux fins de la réduction de l’usage du mercure par le biais du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), un fonds fiduciaire géré par plusieurs donateurs. Même avant que le traité n’entre en vigueur, les gouvernements pourront toutefois demander des aides financières par le biais du fonds.