Il a créé à la sueur de son front un empire caritatif devenu la plus vaste organisation civile du Pakistan, mais à 88 ans, Abdul Sattar Edhi continue à mendier et à dormir dans un réduit derrière son bureau.
« M. Edhi est assis là, il attend vos donations », crachote le haut-parleur d’une ambulance Edhi garée dans un quartier aisé de Karachi, mégalopole portuaire aux inégalités criantes.
Des passants déposent un don ou présentent leurs respects au vieil homme frêle, dont la barbe blanche et la toque d’astrakan élimée sont connues dans tout le pays et au-delà.
Plusieurs fois proposé pour le prix Nobel de la paix, il figure à nouveau sur la liste cette année, et s’il n’est pas favori, une pétition appelant à lui décerner le Nobel a rassemblé plus de 130 000 signatures ces derniers mois.
C’est dans les ruelles poisseuses du cœur historique de Karachi que le jeune colporteur idéaliste a ouvert en 1951 son premier dispensaire, après avoir claqué la porte d’organisations caritatives qu’il jugeait trop communautaristes.
« Le service social était ma vocation, il fallait que je le libère » des riches donateurs préférant « faire la charité » plutôt que de créer des « services sociaux de masse », explique-t-il dans son autobiographie, « Un miroir pour les aveugles ».
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Voir aussi « Pakistan : le “petit père des pauvres” cible d’un braquage à 400 000 $ » (20 octobre 2014)