La France entretient des relations avec la Perse – devenue l’Iran en 1935 – depuis le Moyen-Âge et le rapprochement s’est vraiment mis en place à partir du XVIIIe siècle. Les liens culturels ont toujours existé au point que l’on trouve de nombreux mots français en persan et que les Iraniens sont francophiles. Ces relations ont été mises à mal par l’intransigeance de Laurent Fabius qui a surtout des affinités avec les monarchies pétrolières et Israël. Malheureusement pour la France.
Thomas Flichy de l’université Paris IV-Sorbonne, dans un entretien donné sur le site des Échos, dit :
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la Perse a été considérée pendant trois cents ans comme une autre France, une France de l’Orient. Ces points communs sont variés. On peut évoquer les similitudes entre le christianisme et certains aspects du chiisme comme le culte des saints ou l’importance du clergé. Le second point commun est l’importance d’une histoire qui fait partie intégrante de l’identité.
Mais il en existe bien d’autres comme l’art de la conversation, ou le poids accordé à la politesse, le ta’arof. C’est par conséquent en puisant dans notre identité profonde que nous serons les plus à même de renouer un dialogue constructif et prometteur avec l’Iran.
L’accord signé le 14 juillet 2015 entre les États-Unis et l’Iran donne tort, a posteriori, aux responsables politiques n’ayant envisagé pour seule possibilité qu’un affrontement avec l’Iran, au détriment de toute éventualité d’accommodement.
Or, parmi les puissances européennes, la ligne politique la plus dure depuis 2007 fut celle de la France, qui a négligé l’avis de ses propres diplomates, au détriment de ses propres intérêts économiques et géopolitiques.
Reconstruire les tissus relationnels et économiques
Dès 2008, la France a appliqué les sanctions à la lettre et a suivi toutes les règles décidées par l’ONU et l’UE.
Le volume des exportations françaises vers l’Iran, qui se montait à 4,5 milliards de dollars avant cette année, s’effondra. Les entreprises françaises virent leurs activités réduites au minimum, comme Renault ou Peugeot, fournisseur historique en Iran de pièces détachées. On interrompit les grands projets hydrauliques, industriels et aéronautiques (par exemple Airbus).
Entre 2008 et 2014, tous les réseaux commerciaux anciens furent mis en sommeil et les contrats français repris par des exportateurs indiens, chinois et russes, qui sont les grands gagnants des sanctions économiques. La levée partielle de l’embargo sur le pétrole à l’été 2014 profita essentiellement à la Chine et à l’Inde qui purent acheter du pétrole aux Iraniens, bien obligés de concéder des décotes de 20 à 30 % sur les barils.
Les investisseurs européens mettront plusieurs années à reconstruire les tissus relationnels et économiques perdus.
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Voir aussi : « Point de vue. France-Iran : l’heure du rééquilibrage » (27 juillet 2015)