La situation environnementale en Iran est telle qu’elle fait régulièrement l’objet d’articles alarmants. Les causes sont diverses : il y a bien entendu le changement climatique, mais le véritable problème vient de la mauvaise gestion de l’économie et des ressources en eau du pays. Celles-ci ne cessent de se réduire au point d’avoir de graves conséquences sur le quotidien de la population. Mohammad-Reza Djalili, ancien professeur à l’université libre de Bruxelles professeur émérite de l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève, tire la sonnette d’alarme.
L’Iran court à la catastrophe écologique. Un haut responsable iranien, ancien ministre de l’Agriculture, a récemment tiré la sonnette d’alarme : lacs et cours d’eau sont asséchés, et les deux tiers de la population pourraient être contraints d’émigrer si rien ne change. Les raisons de ce désastre ? Elles sont avant tout politiques et idéologiques. L’analyse de Mohammad-Reza Djalili, professeur émérite de l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève.
La signature, le 14 juillet dernier, après deux ans d’intenses négociations entre l’Iran, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne, d’un accord sur le nucléaire qui prévoit une levée progressive des sanctions économiques, a été très bien accueillie par l’opinion publique iranienne. La majorité des Iraniens espère désormais vivre un avenir meilleur. Mais ils savent cependant que le pays est aussi confronté à un autre problème encore plus grave que la question du nucléaire, un problème dont la responsabilité incombe presque exclusivement au pouvoir et qui malheureusement ne pourra pas être réglé par une négociation internationale.
L’Iran va vers une « grande catastrophe ». Cette constatation n’est pas le fait d’opposants au régime de Téhéran, ni même celle d’analystes critiques de la politique iranienne tentés par l’utilisation de formules alarmistes. L’expression « grande catastrophe » (fajeh-e bozorg) a été utilisée par Issa Kalantari dans une interview accordée au quotidien iranien Shahrvand publié le lundi 27 avril 2015 à Téhéran. Issa Kalantari, ancien ministre de l’Agriculture dans le gouvernement Rafsandjani (1989-1997) ainsi que sous le premier mandat de Khatami (1997-2001), est aujourd’hui conseiller pour les questions relatives à l’eau, à l’agriculture et à l’environnement auprès du vice-président de la République islamique, tout en exerçant la fonction de secrétaire du comité chargé de la régénération du lac d’Orumiye.
Pour Kalantari, l’Iran s’achemine vers une catastrophe écologique sans précédent dans son histoire dont la principale raison est la raréfaction des ressources en eau du pays. Il n’hésite pas à dire que si les choses continuent à ce train, dans un avenir proche, 70 % de la population totale de l’Iran, soit environ 50 millions d’habitants, sera contrainte de quitter le pays à cause de la pénurie d’eau. Parmi les formules-chocs que Kalantari emploie, on notera : « Ce que nous faisons avec les nappes phréatiques de notre pays prépare à un génocide », ou « Nous n’avons pas su préserver l’héritage de 7 000 ans de civilisation qui nous a été confié ». Il avance aussi des chiffres effrayants. Ainsi, la plupart des rivières et cours d’eau du pays sont pratiquement asséchés. Selon Kalantari, deux pays au monde détiennent le record de l’utilisation excessive de leurs réserves d’eau de surface : l’Égypte et l’Iran. Cependant, l’Égypte n’utilise que 46 % de ses eaux alors que l’Iran atteint 97 %. De plus, le lac Orumiye, le plus vaste du pays et le deuxième lac salé du monde est à sec, comme la quasi-totalité des autres lacs iraniens situés au sud et à l’est du pays.
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Voir aussi :
- « Iran : deux nouvelles formes d’exclusion » (22 mai 2015)
- « Iran : la sécheresse, nouvelle plaie du pays » (23 mars 2015)
- « Catastrophe environnementale annoncée en Iran » (31 janvier 2014)