La Maison de la culture du Japon présente la seconde partie de son exposition inédite, dédiée au maquillage et aux coiffures de l’époque Edo (1603-1868). Elle présente au total 150 estampes, réparties en deux volets, et 60 objets dédiés aux rituels de beauté des femmes. Après un premier volet fin 2020, écourté dû à la crise sanitaire, nous retrouvons le second, exposant de nouvelles estampes.
Le sujet est surprenant au premier regard, mais l’exposition est organisée de telle manière que le visiteur apprend progressivement les différents rituels de beauté au Japon. En premier lieu, il est possible de découvrir différents objets que l’on retrouvera sur plusieurs estampes placées le long du parcours. Il est même possible de découvrir un livre d’éducation destiné aux femmes, le Onna kagami hidensgo (« Transmission secrète du Miroir des femmes »), publié en 1650 et réimprimé à plusieurs reprises, décrivant aux Japonaises comment atteindre les différents canons de beauté. En effet, le maquillage et la coiffure sont quelque chose d’important à l’époque Edo, car il s’agit de signes sociaux distinctifs.
L’exposition se focalise ensuite sur le maquillage lui-même, essentiellement composé de couleurs blanche, noire et rouge. On découvre alors comment elles appliquaient la poudre blanche est cruciale, d’où le proverbe japonais « une peau blanche cache les petits défauts ». Ensuite, des détails sont ajoutés au maquillage. Les éléments de couleur noire sont en relation étroite avec sa place dans la société. Par exemple, les dents teintes en noir signifiaient qu’une femme était mariée et si les sourcils étaient rasés, cela voulait dire qu’elle avait déjà eu un enfant. Concernant d’autres parties du visage, en particulier les lèvres, du rouge était appliqué.
Par ailleurs, si les sourcils sont redessiné plus haut sur le front ou si la lèvre inférieur est peinte en vert, il s’agit alors d’une femme issue de l’aristocratie. Pour montrer qu’elles étaient dans l’air du temps, les femmes n’ayant pas les moyens d’acheter de la teinture verte provenant d’une fleur rare, le carthame, appliquaient de l’encre de Chine en dessous du rouge à lèvre.
L’exposition continue ensuite sur la coiffure avec d’une part des objets tels que des épingles, et d’autre part, des perruques illustrant leur diversité. Depuis l’époque de Heian (794-1185), leurs cheveux pendaient. C’est à partir de l’époque Azuchi-Momoyama (1573-1603) que les danseuses de kabuki et les courtisanes ont commencé à nouer leurs cheveux et à influencer la population en général, pour devenir la norme à l’époque Edo. Ces dernières ont influencé la mode durant toute cette époque.
À partir de quatre coiffures types se sont développées de nombreuses variantes en fonction de la place dans la société japonaise, mais aussi de la région géographique. Les différentes parures ajoutées à la coiffe, élaborées à partir d’éléments nobles tels que l’or ou encore l’écaille de tortue dénotent aussi le statut social. Par ailleurs, les coiffures, composées de quatre parties : frange (maegami), coques sur le côté (bin), partie allant d’arrière de la tête à la nuque (tabo) et le chignon (mage) étaient si longues à réaliser, qu’elles ne les refaisaient qu’une fois par semaine et dormaient avec.
La suite de la visite est consacrée aux estampes. Vous trouverez des estampes représentant différentes cérémonies, le mariage, étant l’une des occasions de se parer somptueusement. C’est notamment la cérémonie où la mariée porte le shiromuku, le costume typique de cette célébration. Les estampes suivantes sont des portraits de femmes, Cent belles femmes et sites célèbres d’Edo, le Gynécée du château de Chiyoda et Trente-deux physionomies d’aujourd’hui, des estampes respectivement de, Utagawa Toyokuni III (1786-1864), Ichiôsai Kunichika (1835-1900) et Yôshû Chikanobu (1838-1912) représente des portraits de femmes de toutes catégories ainsi que des scènes de la vie quotidienne. Ces artistes, contrairement à Hokusai, sont méconnus en France, mais réputés au Japon..
Ces séries d’œuvres permettent d’appliquer ce que l’on a découvert tout au long de la visite. Il est alors possible d’essayer de deviner dans quelle partie de la société la femme représentée se situe (shogunat, cours de l’empereur, bourgeoisie ou encore petit peuple), la période de sa vie (avant ou après le mariage, mère ou non).
La visite se termine sur deux vidéos, l’une portant sur le maquillage (~5 min) et l’autre, sur la coiffure (~30 min), permettant de comprendre comment sont réalisés ces rituels.
L’exposition Secrets de beauté n’est pas seulement intéressante pour sa thématique liée à la mode, elle l’est aussi pour son aspect social et historique. En fait, le maquillage touche toutes les couches de la société et varie selon le temps, l’influence de la Chine à sa disparition progressive avec l’arrivée des Occidentaux dans l’archipel.
Le catalogue de l’exposition est vendu à 28 €. Il est possible de demander à l’accueil un livret comprenant des jeux à destination des enfants : « Ce n’est pas directement lié à l’exposition, mais nous avons sorti récemment le livre “Waka waku – À la découverte de l’art japonais”, destiné aux 8-12 ans, dans lequel sont reproduites beaucoup d’estampes. »
Informations pratiques
Exposition « Secrets de beauté », second volet
Du 19 mai au 10 juillet 2021 de 11 h à 19 h ; ouvert du mardi au samedi
Plein tarif : 5 € ; tarif réduit : 3 € (entrée gratuite possible sous conditions).
Réservation obligatoire
Maison de la culture du Japon
101B Quai Branly — 75015 Paris
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