Entretien avec Khosro Berahmandi

À l’occasion du 20e anniversaire du Festival du mois asiatique, Terres d’Asie s’est entretenu avec Khosro Berahmandi, directeur général et artistique d’Accès Asie.

Khosro Berahmandi

En tant que directeur d’Accès Asie, que représente ce 20e anniversaire ?

Cela représente pour moi un sentiment joyeux. C’est l’aboutissement d’un travail de vingt ans qu’on a fait pour exprimer un besoin tout d’abord et le sentiment sur la séparation qui existait dans la société et qui existe toujours. L’idée, partagée par tous au début de ce festival, c’était de voir le rassemblement de la société, de l’art et de la culture comme des éléments qui sont capables de réunir les gens. Dans ce sens-là nous sommes fiers et contents de savoir que promouvoir cela pendant vingt ans a apporté beaucoup de résultats malgré toutes les difficultés. Ce travail n’est pas fini et il est nécessaire d’en faire encore plus. C’est un sentiment un peu mixte dans le sens que nous sommes contents de la réussite et étonnés de voir tout le travail qu’il reste à faire pour arriver idéalement à une société équilibrée qui se comprend.

Comme cela intéresse beaucoup de gens, comment s’est faite la programmation ?

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© Kiran Ambwani

Concernant la programmation, elle n’est pas vraiment différente des années précédentes. Nous cherchons à avoir des artistes qui sont d’ici, qui vivent à Montréal, qui y travaillent et qui peuvent apporter quelque chose au public québécois. Ce festival touche tous les domaines. Ce qui est un peu différent des années précédentes, c’est que je suis allé chercher des artistes qui étaient impliqués précédemment dans l’organisation du festival. J’ai donc invité cinq membres de l’organisme qui sont des artistes professionnels pour créer de nouvelles formes d’art. L’élément essentiel, cette année, c’est une exposition photographique et vidéo et qui a été créée par deux artistes, Kiran Ambwani et Florence So. Elles sont membres du festival Accès Asie depuis des années et également membres du conseil d’administration et elles vont mettre en valeur vingt artistes des dernières vingt années. Ils sont originaires de différents pays asiatiques et proposent différentes formes d’art. C’est une exposition qui aura lieu à la maison de la culture du Plateau-Mont-Royal. Le titre l’exposition est Kaléidoscope.

Cette exposition va donc retracer l’histoire du festival.

Histoire… Je dirai plutôt mémoire !

En dehors de cette exposition, quels sont les points forts du festival 2015 ?

Dans le sillage de cette exposition, on ne veut pas seulement présenter des artistes, mais avoir aussi une réflexion sur ces vingt ans de travail. Pourquoi ce mois du patrimoine asiatique ? Il y aura donc une conférence-débat après le vernissage avec plusieurs membres d’Accès Asie ainsi qu’avec les cofondatrices du festival, des personnes qui ont été actives dans son organisation. Seront aussi présentes des personnes connues dans le milieu artistique. Cela nous donne l’opportunité de rencontrer le public afin de lui présenter les vingt ans du patrimoine asiatique. C’est donc le premier élément.

Il y aura d’autres éléments intéressants comme une autre exposition à la maison de la culture de Côte-des-Neiges. Elle est internationale avec la participation d’artistes d’origine asiatique qui viennent d’ailleurs, de l’Europe, de l’Inde… C’est donc une exposition avec de la vidéo et des arts visuels. C’est un énorme travail qui s’est étalé sur les cinq-six derniers mois. Le vernissage aura lieu le 9 mai. Nous avons aussi un volet musical dans le même esprit de ce qui s’est fait l’année dernière. Nous avons donc initié la rencontre de différentes cultures asiatiques, dont Ziya Tabassian, un musicien connu, avec qui nous avons initié un projet appelé Golestan. L’année dernière, nous avions invité des artistes iraniens et un musicien indien. Nous continuons cette année avec un artiste d’origine turque. C’est la raison pour laquelle le spectacle s’appelle Golestan d’Anatolie. C’est une rencontre musicale entre deux cultures qui ont vécu pendant des milliers d’années l’une à côté de l’autre avec une influence commune. C’est donc un concert très intéressant.

Sinon, il y aura aussi un volet culinaire avec la cuisine tibétaine.

Nous continuons également avec une compétition de danses du Moyen-Orient. C’est pour nous quelque chose d’important, car c’est une façon de se connecter avec d’autres communautés avec lesquelles nous n’étions pas en contact auparavant. Il s’agit de danse orientale qui se pratique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Pour l’organisation de cette compétition, nous avons eu la chance de rencontrer beaucoup de personnes avec qui nous n’avions pas de relation.

Est-ce que tu penses que le public sera plus nombreux cette année ?

Oui ! Cette année, il y aura aussi une nouveauté très intéressante dont j’avais oublié d’en parler. Il s’agit de Vents d’Asie, une activité qui se tient sur la place des Festivals. Elle avait lieu les quatre années précédentes pendant une journée, le dernier samedi du mois de mai. Cette année nous avons décidé de la faire sur trois jours, avec deux représentations chaque jour. Nous aurons différentes prestations, musique et danses, avec des artistes d’origine chinoise, indienne. Le troisième jour nous proposerons, en outre, des ateliers au grand public pour apprendre la danse. Avec ce volet de trois jours, nous espérons un public plus nombreux que les années précédentes.

Pour conclure, comment vois-tu le futur du festival du mois asiatique à Montréal ?

C’est un peu difficile de prévoir ! Pendant ces vingt ans, c’est un effort qui a été fait par un groupe d’individus, des artistes engagés, appartenant à la première génération d’immigrants à Montréal. Nous avons l’intention d’ouvrir la porte du festival aux nouvelles générations ; d’avoir des Montréalais, des Québécois, des Canadiens d’origine asiatique qui sont nés et qui ont grandi ici et qui ont envie de garder le contact avec leurs racines. Nous voudrions inviter la nouvelle génération à entrer dans le festival. Dans un but symbolique, nous avons choisi une porte-parole qui est née ici, Alice Tran. C’est en quelque sorte une invitation aux Québécois d’origine asiatique pour nous rejoindre et montrer que, dans le futur, nous leur laisserons notre place. Il s’agit de développer la transition entre notre génération et la prochaine, ce qui est important pour le futur de ce festival.

Merci Khosro. On se reverra peut-être dans vingt ans, pour le quarantième anniversaire !

[Rires.]

Cet entretien, réalisé par Pascal Marion, a été enregistré le 22 mai 2015 ; il a été légèrement adapté pour la version écrite.

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