La Saison des femmes suit le parcours de quatre femmes qui tentent d’échapper à la violence conjugale et sociale. La cinéaste indienne Leena Yadav s’apprête à affronter beaucoup d’opposition pour diffuser son film dans son pays.
Dans un coin reculé de l’Inde, des amies tentent de se libérer de traditions archaïques. Après deux longs métrages tournés à Bollywood, la réalisatrice Leena Yadav fait le pari de l’indépendance. Et ose ce que le cinéma indien ne fait presque jamais : filmer la violence au sein du couple, et le corps de ses actrices.
Presque personne, en Inde, ne filme ce genre de scènes…
Les violences conjugales sont parfois montrées dans des productions indépendantes, hors Bollywood. Sur la nudité, en revanche, je crois être l’une des premières à aller aussi loin.
Est-ce que le film pourra être montré dans votre pays ?
Nous essaierons de le distribuer là-bas le 24 juin, même s’il faudra forcément passer par le bureau de la censure. Évidemment, les coupes réduiraient sa teneur politique. En même temps, la censure serait une excellente publicité : le film circulerait d’autant mieux sur Internet ou sur DVD pirate. Mais je serais fière de mon pays s’il pouvait être vu en salles. Il est temps de montrer ce qui fâche. Il faut briser les barrières, comme mes actrices l’ont fait.
Le tournage a-t-il été difficile pour elles ?
Pour les scènes où elles sont dévêtues, oui. Elles ont pris des risques, d’autant qu’elles habitent toutes en Inde. A chaque fois que l’on brise un tabou chez nous, notamment sur la sexualité, tout le monde a peur. C’est absurde. Après tout, nous sommes le pays du Kamasutra !
Et pour vous ?
Durant le tournage, on m’a refusé l’accès à de nombreux villages, parce que les hommes ne voulaient pas que leurs femmes voient une émancipée comme moi, et qu’elles deviennent audacieuses. Il avaient peur que je les corrompe !
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La saison des femmes
Inde, Etat du Gujarat, de nos jours. Dans un petit village, quatre femmes osent s’opposer aux hommes et aux traditions ancestrales qui les asservissent. Portées par leur amitié et leur désir de liberté, elles affrontent leurs démons, et rêvent d’amour et d’ailleurs.