Dans le nord du pays, la capitale des États du Pendjab et de l’Haryana célèbre les cinquante ans de la mort de Le Corbusier, qui présida à sa construction de 1951 à 1965. Conçue pour 150 000 habitants, la cité-jardin voulue par Nehru en compte 9 millions et a bien du mal à tenir ses promesses. Reportage.
L’hiver indien vient de rendre les armes et s’il n’y avait ces légères brumes à l’horizon pour envelopper encore les premières pentes de l’Himalaya, on pourrait se croire en Europe au début du printemps, lorsque le soleil d’avril commence à réchauffer la terre. Nous ne sommes que début février et sur la grand-place du Capitole de Chandigarh, la lumière blanche est écrasante. Aucune âme qui vive alentour ou presque.
Sur l’immense dalle de béton qui les sépare, la Haute Cour de justice à l’est et l’Assemblée parlementaire à l’ouest se toisent, tels deux monstres qui s’apprêteraient à disparaître. Le temps n’existe plus. Le béton a noirci et par endroits, il part même en charpie, laissant pointer les herbes folles au bord de bassins qui semblent n’avoir jamais vu l’eau. Voilà cinquante ans que le maître d’œuvre de ces lieux improbables est mort en nageant devant son cabanon du Cap Martin, sur la Côte d’Azur. S’il revenait ici, Charles-Édouard Jeanneret Gris, dit Le Corbusier, pleurerait de voir son rêve de cité idéale aussi dénaturé.
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