Nombreux sont les Français qui se sont illustrés en Asie, de la Perse au Japon. Parmi eux, des Bretons qui se sont retrouvés en Cochinchine, dans le Sud-est asiatique.
Avant que l’Indochine ne devienne une colonie française, puis un pays indépendant, le Vietnam, des marins bretons ont servi l’empereur de ce qu’on appelait alors la Cochinchine (Sud du Vietnam et du Cambodge actuels), au tournant du XIXe siècle. Quelques-uns d’entre eux deviennent mandarins, c’est-à-dire conseillers du souverain et s’installent même dans le pays durablement.
Depuis le début du XVIIe siècle, les missionnaires français arpentent l’Asie pour tenter d’évangéliser les populations. C’est dans ce contexte d’expansion du christianisme que Pierre Pigneau de Behaine est envoyé sur ce continent en 1765 par les Missions étrangères de Paris. Après un premier poste dans le comptoir français de Pondichéry, en Inde, il est nommé évêque d’Adran et vicaire apostolique de Cochinchine par le pape Clément XIV en 1771. Basé dans le delta du fleuve Mékong, c’est là que le religieux rencontre le dernier héritier de la famille royale des Nguyên, dont toute la famille a été assassinée par les Tây So’n, des paysans révoltés contre ces seigneurs du Sud et soutenus par leurs rivaux du Nord, la dynastie Trinh. La guerre civile, qui débute en 1773, se propage dans tout le pays. Le jeune prince Nguyên-Ahn, âgé de 16 ans, s’enfuit alors et trouve refuge auprès de Mgr Pigneau. L’évêque devient son conseiller et le soutient ouvertement dans sa tentative de reconquête.
La recherche du soutien de la France
Mais les Tây So’n enchaînent les victoires et s’emparent de Saïgon, poumon économique du pays en 1783, forçant ainsi le prince et le prélat à fuir le pays. C’est alors que Pigneau de Behaine convainc Nguyên-Ahn de demander le soutien de la France. En 1785, l’évêque s’embarque pour Lorient avec le fils aîné du prince cochinchinois. Ils sont reçus à Versailles par Louis XVI, et signent un traité dans lequel le roi de France s’engage à envoyer quatre frégates et un contingent de 1 600 soldats pour soutenir le roi de Cochinchine qui, en contrepartie, s’engage à céder à la France les îles de Hôi An et de Poulo Condor, et le droit de commercer dans tout le royaume. Pourtant, à quelques mois de la Révolution, et alors que les finances de l’Hexagone sont exsangues, le traité n’est pas appliqué. De retour en Cochinchine, alors que le camp des Tây So’n est divisé et que Nguyên-Ahn a réussi à reconquérir la Basse-Cochinchine, Pigneau de Behaine décide de se passer de l’aide du roi de France et s’embarque le 15 juin 1789 avec un navire chargé d’armes et de munitions. Sur le chemin du retour en Asie, lors des escales à l’île de France et à Pondichéry, le religieux rallie à sa cause des volontaires, une majorité de Bretons.
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