À l’origine une petite fabrique de cartes à jouer, Nintendo s’est mué sous l’impulsion d’un patron visionnaire en géant du jeu vidéo. Passé maître dans l’art des métamorphoses, le voici, à bientôt 130 ans, contraint de se réinventer une nouvelle fois. Il vient d’annoncer son entrée sur le marché des jeux pour smartphones.
« Voilà ce que m’a offert le président Satoru Iwata lors de ma dernière visite. » Stephan Bole, le patron de Nintendo France, exhibe fièrement une boîte en bois, reçue des mains de son PDG. Il ôte le couvercle gravé pour en révéler le contenu : un jeu de cartes hanafuda (littéralement « jeu des fleurs »), ces cartes traditionnelles japonaises qui doivent leur renommée à une fabrique artisanale de Kyoto qui s’est lancée dans ce business à la fin du XIXe siècle : Nintendo. « C’est de là que tout est parti », rappelle Stephan Bole. Et aujourd’hui encore, chaque visiteur de marque est gratifié par le président Iwata d’une boîte de cartes hanafuda. La société en fabrique toujours. Une ligne y est même consacrée sur les comptes de résultat. Mais une petite seulement. Car cela fait longtemps que Nintendo a élargi son champ d’activité…
Icônes de la culture populaire
Avec 3,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2014, le fabricant de cartes à jouer est même devenu l’un des leaders mondiaux du jeu vidéo. Ses consoles, présentes dans des millions de foyers dans le monde, sont des icônes de la culture populaire (Game Boy, DS, Wii…) tout comme ses personnages stars (Mario, Zelda, Donkey Kong, Pokémon…). Un succès qui a valu à Shigeru Miyamoto, leur créateur, d’être promu en 2006 au rang de chevalier des Arts et des Lettres. « Avec son obsession pour des produits simples d’utilisation et ses personnages transgénérationnels, Nintendo est un mélange d’Apple et de Disney », résume Florent Gorges, auteur de l’Histoire de Nintendo (éd. Omaké Books). Et même si, depuis deux ans, la réussite de la firme est moins flamboyante, la ferveur de ses fans, elle, reste intacte.
C’est donc à Kyoto, l’ex-capitale impériale, que Fusajiro Yamauchi, joueur de cartes invétéré, crée en 1889 une petite entreprise qu’il baptise Nintendo Koppai (« Laissez les dieux décider de votre sort »). Il profite d’une nouvelle législation sur le jeu, qui autorise les cartes hanafuda, jusqu’alors prohibées. En quelques mois, il devient le premier fabricant du Japon. La société prospère ainsi gentiment jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, qu’elle traverse sans trop d’encombres grâce aux commandes de l’État, qui se sert de ces cartes pour diffuser ses messages nationalistes. Personne ne peut toutefois imaginer ce qui va suivre.
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Évolution du logo de Nintendo
Voir aussi :
- « Incroyable ! Le premier local de Nintendo ! » (23 janvier 2018)
- « 灰孝本店と任天堂の基礎を築いた山内房治郎(山内一正さん) » (13 janvier 2017)