Quelques dizaines de personnes étaient présentes au Gesù pour un concert intimiste de Kimihiro Yasaka. Intimiste, car la salle de concert était minuscule et permettait aux spectateurs d’être proches de l’artiste. Pas de microphone, l’acoustique parfaite a su magnifier le talent du pianiste qui a interprété des morceaux composés par des Japonais.
Le récital en deux actes était composé de quatre parties. La première, la plus intéressante, était consacrée à la pluie — un thème qui représente la renaissance au Japon, contrairement à l’Occident où elle est connotée négativement, a expliqué Kimihiro Yasaka. Sous la pluie est donc une ode à la nature, une musique légère qui donnait l’impression d’être dans un film de Miyazaki, ce que m’a confirmé Yasaka. Un bémol, cependant : certaines parties étaient trop contemporaines et hermétiques !
La suite du concert a proposé des compositions inspirées de Schubert, de la catastrophe de Fukushima et du décès de la mère du compositeur Hideki Kozakura. Ce dernier, marqué par cet événement, est resté deux ans sans pouvoir composer. On retrouve ainsi le côté torturé dans la musique résolument contemporaine, avec des passages plus apaisés.
Après le récital, Hideki Kozakura, qui a fait le déplacement depuis le Japon, et Kimihiro Yasaka ont expliqué leur démarche au public. Les spectateurs ont été invités à poser des questions. Yasaka, en réponse à un spectateur qui trouvait une ressemblance de certaines pièces avec celles de Debussy et de Ravel, a indiqué qu’il y avait une des influences croisées entre la France et le Japon. Il a d’ailleurs montré deux reproductions : un tableau de Vincent van Gogh et un de Hiroshige, qui a inspiré le peintre néerlandais mort en France. L’art ne connaît pas de frontières.
Programme
- Takashi Yoshimatsu : Memory of Interlude
- Takashi Yoshimatsu : Canticle of quiet rain from Pleiades Dances IV, Op. 50 (1992)
- Ryo Dainobu : Syurinsyo (2013)
- Yuji Takahashi : Cold Rain from bachiana afroasiatica (2007)
- Katsuhiro Oguri : Hydrangea swaying in the rain (2003)
- Toru Takemitsu : Rain Tree Sketch I (1982) & II (1992)
- Josep Maria Guix : Drizzle Draft (2007)
- Yoshinao Nakada : On a Rainy Night (1948)
- Hisatada Odaka : Matsuri from Japanese Suite (1936)
- Toshio Hosokawa : Nacht Klänge (1994/1996)
- Toshi Ichiyanagi : In Memory of John Cage (1992)
- Katsuhiro Oguri : Scenes Coloured by Water Book II – in memoriam of victims of Great East Japan Earthquake (extrait) (2012)
- Hideki Kozakura : Reine Liebe (2015, première canadienne)
Kimihiro Yasaka – Pianiste
Originaire du Japon, Kimihiro Yasaka découvre le piano à l’âge de 12 ans auprès de Reiko Mizutani. Il complète ses études à l’École de musique Schulich à l’Université McGill sous la supervision de Kyoko Hashimoto. Récipiendaire de nombreux prix au Canada, au Japon et en Italie, Kimihiro se produit dans divers événements et festivals au Canada, au Japon, aux États-Unis et en Europe (Toronto Summer Music Festival, ISME World Conference and Festival, MusiMarsFestival, Chosen Vale Festival). Une de ses missions est de promouvoir le répertoire japonais de piano auprès d’un public non initié. (Source Accès Asie)
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