Pour les bouddhistes tibétains, les enterrements dans le ciel sont sacrés. Pour les touristes, ils sont une curiosité morbide

Les relations entre le Tibet et la Chine sont tendues depuis des siècles. Cependant, l’invasion du Tibet par la Chine en 1950 et la répression du soulèvement tibétain de 1959, qui a conduit le Dalaï-Lama à fuir en Inde, ont marqué un tournant définitif. Depuis lors, la migration des Chinois Han — la majorité ethnique de la Chine — et l’afflux du tourisme mondial dans la région ont entraîné d’importants empiétements et remises en cause de la culture bouddhiste tibétaine traditionnelle.

Tourné en 2011, le court métrage documentaire Vautours du Tibet du réalisateur américain Russell O Bush offre une petite fenêtre sur les tensions culturelles sur le plateau tibétain. Se déroulant dans la ville historiquement bouddhiste de Taktsang Lhamo, qui abrite deux monastères, le film est centré sur la pratique des enterrements dans le ciel, au cours desquels les corps des morts tibétains sont donnés en pâture aux vautours fauves. Pour la population bouddhiste tibétaine de la ville, il s’agit d’un moyen sacré d’aider l’esprit du défunt à passer dans la prochaine vie — une dernière offrande terrestre à des créatures censées avoir la sagesse des divinités. Cependant, pour une grande partie du reste du monde, cette tradition est une curiosité morbide et attire de plus en plus de touristes indésirables, dont les photos finissent aux quatre coins de l’internet. Œuvre accomplie d’anthropologie contemporaine, le film de Bush est un examen puissant de la nature et de la culture, de la tradition et de la modernité, de l’oppression et de l’exploitation.

Réalisateur : Russell O Bush
Producteur : Annie Bush
Sites web : Vultures of Tibet, From the Woods
26 février 2019

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