Présenté par l’Agora de la danse et Tangente, Dansu (ダンス) réunit trois jeunes artistes/compagnies du Japon : Kaori Seki développe un travail sur la lenteur, les odeurs et une forme unique de mouvements primitifs, Zan Yamashita de Kyoto qui met en scène le danseur Kim Itoh dans une performance à la forte présence physique et Mikiko Kawamura, l’enfant terrible de la danse issue de la « street dance ».
Amigrecta
Dans Amigrecta, Kaori Seki va « d’un passé qui ne sera jamais retrouvé à la possibilité de nouvelles rencontres » tout en étant « une réflexion sur la vie et la mort, et sur ces choses en danger, qui pourraient disparaître à jamais ». Selon l’artiste, il s’agit d’« une œuvre qui résulte d’une triste constatation, celle que tant de choses sont en danger et pourraient disparaître à jamais ». Kaori Seki a créé ce spectacle suite à la catastrophe de Fukushima en présentant une chorégraphie où deux visions se font face : « Ceux qui voient un passé qui ne sera jamais retrouvé et ceux qui perçoivent la possibilité de nouvelles rencontres. »
Que dire de cette création aux accents de butō ? Ceux qui aiment la danse contemporaine seront comblés. La preuve : les longs applaudissements du public. Les autres n’y trouveront pas leur bonheur.
Le spectacle se déroule une plateforme de 80 m2 environ percée de deux ouvertures aux extrémités. Elles permettent aux cinq danseurs d’apparaître et de disparaître dans ce qui rappelle une tanière.
Le décor est sombre, contrastant avec l’aspect blafard des artistes. Amigrecta correspond à la description qui en est faite, à savoir que tout se passe dans le silence, danse avec une lenteur démesurée et une atmosphère lugubre. Les corps s’entremêlent, se tordent, s’étirent, rampent. Certains mouvements font penser à la démarche d’animaux sauvages qui, parfois, se reniflent, ou encore à des insectes ; à certains moments, les postures des danseurs ressemblent étrangement à celles des personnes, surprises par l’éruption du Vésuve en 79, et retrouvées dans les ruines de Pompéi.
Pendant presque une heure, les artistes se relaient sur scène, parfois seuls, parfois à plusieurs, dans un silence ponctué par le bruit des corps et les craquements des articulations. Pas de sonorisation, mais de légers tintements de carillons et des claquements qui jalonnent par intermittence la représentation.
Amigrecta est un long moment de solitude.
- Dansu est présenté du 18 au 28 octobre 2017 à l’Édifice Wilder – Espace danse 1435, rue de Bleury Montréal
Kaori Seki
Kaori Seki débute l’étude du ballet classique à 5 ans, puis la danse moderne et contemporaine à 18 ans. C’est à cet âge qu’elle commence aussi à chorégraphier. Elle présente son travail depuis 2003 et en 2013 elle fonde sa compagnie KAORI SEKI Co. PUNCTUMUN. Dans son processus de création, elle explore les sens des êtres humains, des animaux, et des plantes. Elle a créé des pièces stimulant les sens du public en utilisant odeurs et parfums. Seki est récipiendaire du Prix Jeune chorégraphe de l’Ambassade française du Yokohama Dance Collection EX en 2012 pour Hetero — chorégraphié avec Teita Iwabuchi — qui était accompagné d’une résidence au Centre national de danse contemporaine Angers (CNDC) en France. Elle a aussi reçu le grand prix Chorégraphe de la nouvelle génération au Prix pour la chorégraphie Toyota en 2012, le Prix Nouveau visage de la Fondation ELSUR en 2013, le Prix du Forum japonais de la danse en 2016, et était membre junior de la Fondation Saison de 2014 à 2017. En tant que danseuse, elle a participé aux créations de Ko Murobushi. Ses récentes créations incluent Utu ri (2017), WO CO (2016), et Miroedetut (2014).
Fiche technique
- Chorégraphie : Kaori Seki
- Interprétation : Yu Goto, Teita Iwabuchi, Kaori Seki, Shun Shimizu, Yui Yabuki
- Lumières : Masayoshi Takada
- Parfum de scène : Toshifumi Yoshitake
- Son : Yuji Tsutsumida
- Direction technique : Chikage Yuyama
- Costumes : Yoko Takeuchi
(Source : Agora de la danse. Bannière © GO.)
Intéressant comme nouveau concept de danse. Il est bien dommage que je n’ai pu assister à la représentation. J’espère qu’il y aura d’autres représentations.