Une scène minimaliste, juste deux grands panneaux en contreplaqué et une échelle posée par terre, c’est l’environnement qui accueille Namae ga nai, la prestation de Kim Itoh. L’artiste japonais fait un entrée silencieuse, vêtu des couleurs du Japon : un bandana blanc, une tenue de travail rouge et des chaussures de sport blanches, sans oublier son cache-œil lui donnant l’air d’un pirate moderne.
Le spectacle peut commencer. Soixante minutes de quasi-monologue en japonais avec la traduction en anglais projetée en arrière-plan de la scène. Namae ga nai (« pas de nom »), chorégraphié par Zan Yamashita, est une suite de réflexions sans aucun lien apparent entre elles, mais on perçoit en filigrane un message politique comme la présence américaine à Hokinawa.
Kim Itoh fait part de ses expériences : il ne mange pas de hamburger, car il y a été témoin d’un accident de train et la vision des chairs déchiquetées l’a traumatisé et dégouté de la viande, sauf des hamburgers au… poisson ! Il parle aussi de son travail dans une usine où étaient préparés deux sortes de tofu difficile à différencier à l’œil nu ; il plaçait deux étiquettes avec le nom de chacun afin de ne pas les confondre. Un jour, il a oublié d’enlever une étiquette et un client a acheté le tofu en l’état. Il a eu de gros problèmes avec son patron pour cette erreur. Il s’interroge sur le ridicule de cette situation puisque les industriels mettent des produits dangereux dans les produits alimentaires sans qu’il y ait de reproches.
Il parle aussi de géographie, de phénomènes géologiques comme la création de l’Himalaya, des différences entre l’Europe et l’Asie. Le spectacle est une suite d’absurdités racontée avec beaucoup d’humour qu’il illustre en peignant sur les panneaux.
À un moment, il est interpellé par son échelle et un dialogue s’installe sur de la danse. Kim Itoh se lance dans des explications pour répondre à « sa partenaire » et il se met alors à danser de manière ridicule pour satisfaire sa curiosité.
Bien que faisant partie de Dansu, pas de danse contemporaine ici ! Il s’agissait plutôt d’un spectacle solo qui a su capter l’attention du public. Namae ga nai est un véritable divertissement désordonné qui porte bien son nom : « Pas de nom ».
Zan Yamashita
Né en 1970, Zan Yamashita commence sa carrière de chorégraphe et metteur en scène dans les années 1990. Parmi ses créations importantes, il y a Soko ni KaiteAru (« c’est écrit ici »), où le public reçoit des manuscrits pour suivre le spectacle, et reçoit un signal de la scène pour tourner les pages ; Toumeiningen (« l’homme invisible »), où la gestuelle des danseurs est narrée ; Seki o shitemo hitori (« c’est simplement moi qui tousse »), où des images et des haïkus projetés sur scène sont le moteur de la danse ; Funanoritachi (« les marins »), où les danseurs performent sur une plateforme qui évoque un radeau en mouvement ; et Dobutsu no Engeki (« théâtre des animaux »), une danse qui donne l’impression que des animaux jouent une pièce de théâtre. Yamashita est lauréat du prix pour les arts de la scène du centre des arts de Kyoto en 2004. Son travail est présenté à l’étranger en 2007 au Live Arts Bangkok en Thaïlande, au Kunstenfestivaldesarts en Belgique en 2008, au Istanbul International Contemporary Dance and Performance Festival en Turquie en 2009, au festival TBA à Portland, Oregon, et au Postmainstream Performing Arts Festival à Tokyo en 2010. Comédien, il joue dans Kikoeru, Anata ? (2005) sous la direction de Shogo Ota et dans Ikishima (2010), mis en scène par Yukichi Matsumoto. Dernièrement, il collabore avec des artistes d’autres pays, y compris le danseur thaïlandais Pichet Klunchun et le réalisateur malaisien Fahmi Fadzil. Il offre des ateliers de performance très appréciés des participants.
Fiche technique
- Chorégraphie : Zan Yamashita
- Interprétation : Kim Itoh
- Lumières et direction technique : Lang Craighill
- Son : Daisuke Hoshino
- Résidence de création : ST spot Yokohama
(Source : Agora de la danse. Bannière : © ST Spot.)