Entretien avec Marc Boulet

Marc BOULET Journaliste, écrivain, Marc Boulet est un homme caméléon qui parle six langues (outre le français) : albanais, anglais, chinois, coréen, hindi et italien.

Qu’est-ce qui vous a amené à apprendre autant de langues, dont plusieurs langues asiatiques ?

La curiosité. Pour connaître un peuple, savoir comment s’articule la pensée des gens, il faut apprendre leur langue. Je l’explique dans mon livre Dans la peau d’un… à propos de l’albanais.

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées ?

Les tons en chinois et la grammaire en coréen, langue à la structure totalement différente du français.

Concernant le hindi, qu’est-ce qui a été le plus difficile à acquérir ?

Sans doute l’apprentissage de l’écriture. L’hindi n’est pas une langue difficile.

Quelle démarche avez-vous adoptée pour avoir la maîtrise de la langue parlée par les intouchables à Bénarès ?

En fréquenter avant de me métamorphoser afin d’acquérir de l’argot et des tournures locales.

Avez-vous eu parfois des problèmes de compréhension/communication lorsque vous viviez dans la peau de Râm Mundâ ?

Évidemment. Même en français, tous les jours, il y a des choses que l’on comprend de travers. Ça fait partie des choses normales et sans conséquences.

Quel conseil donneriez-vous à ceux qui voudraient maîtriser une langue ?

Bien étudier la grammaire, c’est-à-dire la structure de la langue. Le vocabulaire est secondaire. Ça vient tout seul après, en pratiquant. Avant de marcher et de courir, il faut commencer par apprendre à se tenir debout, il faut maîtriser l’équilibre, non ?

Quels ont été les problèmes identitaires auxquels vous avez dû faire face en tant qu’« intouchable » ?

Perte de la notion de qui l’on est, mais ce n’est pas de la schizophrénie, car on existe dans la réalité, dans le regard des autres, puis dans notre propre regard. C’est aussi la vieille histoire de Zhuangzi, le sage taoïste. Un jour, il rêva qu’il était un papillon, un papillon gai et libre de tout souci. Il se sentit très heureux et oublia qu’il était Zhuangzi. Soudain, il se réveilla. Il ne savait plus s’il était Zhuangzi ayant rêvé qu’il était un papillon, ou s’il était un papillon en train de rêver qu’il était Zhuangzi. La réalité est si complexe ! Sommes-nous sûrs d’exister ?

Propos recueillis par Pascal Marion (20 novembre 2007).

 

Bibliographie

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