La Palestine en cases

Vivre en terre occupée. Un voyage en Palestine, de Naplouse à Gaza.

José Pablo García, dessinateur espagnol, décide d’arrêter la bande dessinée pour se remettre en phase avec la réalité. En ce qui concerne ce dernier point, il ne croit pas si bien dire puisqu’il reçoit une offre qui va lui faire découvrir l’aventure.

Cette offre improbable arrive de l’association Action contre la faim, qui, en relation avec l’Agence espagnole de Coopération, cherche à sensibiliser le public « sur les conditions de vie de la population palestinienne, l’insécurité alimentaire, le manque d’eau… » en Palestine. Elle lui propose donc d’aller sur place afin de réaliser une BD témoignage. Une forme de communication qui est le « médium qui a semblé approprié pour ce type de témoignage », selon Olivier Longué, directeur général d’Action contre la Faim — Espagne.

Après la surprise et un temps de réflexion, José Pablo García accepte la proposition et il se trouve embarqué dans un périple de dix jours dans les Territoires occupés, en Cisjordanie et à Gaza.

La genèse de Vivre en terre occupée. Un voyage en Palestine, de Naplouse à Gaza est donc particulière. José Pablo García nous offre un reportage dessiné sur la situation des Palestiniens, sous blocus depuis 10 ans, sans parti pris et avec beaucoup de pudeur. « Notre volonté n’est pas de pointer du doigt des coupables, » affirme Olivier Longué.

Voyage en terre occupée, p. 16
La page 16 montre l’absurdité du système.

J. P. García présente des faits, que nous ignorons et qui sont plus précis que ceux que présentent les informations. Saviez-vous que le Vatican est propriétaire d’un territoire offert par le roi Hussein de Jordanie au pape Paul VI en 1964, durant son pèlerinage historique ? Connu sous le nom de « la colline du pape », il abrite une population palestinienne en butte aux autorités israéliennes.

Jose Pablo Garcia

Le dessinateur a choisi de présenter son périple sous la forme d’un carnet de voyage divisé en cinq parties, où il se met en scène :

  1. Jérusalem
  2. Dans le sud de la Cisjordanie. De Hébron à Bethléem
  3. À L’est. Les alentours de Jérusalem
  4. En route vers le Nord. De Ramallah à Naplouse
  5. Gaza. Un territoire sous blocus

Vivre en terre occupée offre ainsi un point de vue inhabituel sur un environnement complexe et pousse à la réflexion. Aujourd’hui, quatre millions de personnes vivent, dans cette région, une situation « qui, en vertu du droit humanitaire international, ne devraient pas exister ».

Finalement, la BD est bien adaptée pour raconter la Palestine actuelle : les cases renvoient au morcellement des territoires occupés et isolés les uns des autres. Les couleurs sobres, ternes sont un rappel aux difficultés des Palestiniens qui sont comme des oiseaux en cage. Pourtant, on ne tombe jamais dans l’excès. Il s’agit simplement d’un témoignage sensible présenté avec des touches d’humour.

Vivre en terre occupée. Un voyage en Palestine, de Naplouse à Gaza, La Boîte à bulles, 2018.


Voir aussi :

Forough Farrokhzâd, poète trop tôt disparue

Forough Farrokhzâd

Forough Farrokhzâd (1935-1967) (en persan : فروغ فرخزاد) est une poète contemporaine iranienne.

Née dans une famille de militaires à Téhéran le 5 janvier 1935, Forough est la troisième d’une fratrie de sept. En 1948, à la fin du primaire, elle commence à écrire des ghazals. Après avoir obtenu son diplôme secondaire, elle s’inscrit à l’école technique de Kamalolmolk où elle étudie la couture et la peinture.

… Lire la suite

Des mots venus d’Asie

Dictionnaire étymologique du créole réunionnais. Mots d"origine asiatique

En 2009 paraissait le Dictionnaire étymologique du créole réunionnais consacré aux mots d’origine asiatique. Sa particularité : il présentait la genèse des mots, illustrée de citations ainsi qu’un comparatif avec différentes langues de l’Asie.

Nul besoin de s’intéresser au créole pour lire l’ouvrage. Il est facile d’accès et propose au lecteur un véritable voyage dans le temps, en suivant la route des Indes.

… Lire la suite

Les trésors littéraires de l’Indonésie à Francfort

La Galigo, Francfort

La Galigo, plus long manuscrit du monde, au salon de Francfort (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)

La Salon du livre de Francfort vient de se terminer. Malgré la polémique causée par le boycott de l’Iran en réaction à l’invitation de Salman Rushdie, le succès a été au rendez-vous. L’Indonésie, invitée d’honneur, a présenté au public ses nombreux trésors littéraires, parmi lesquels La Galigo, épopée épique écrite entre les XIIIe et XVe siècles.

Ce récit en langue bugis ancien (langue austronésienne de Sulawesi du Sud) comporte 300 000 vers, soit 6 000 pages qui correspondent à 20 fois la longueur de l’Odyssey d’Homère.

… Lire la suite

Occident et Asie : quelles sont les différences culturelles à comprendre ?

Les Éditions Taschen vont publier très prochainement un ouvrage très intéressant sur les différences entre les sociétés occidentales et asiatiques. L’ouvrage est agréablement illustré de dessins très graphiques et très parlants. Ils permettent de mieux comprendre la vision que ces deux régions du monde ont sur leur environnement social.

Orient/Occident, mode d'emploi

… Lire la suite

L’Arménie, pays témoin

À l’occasion du centenaire du génocide arménien, de nombreux ouvrages — une cinquantaine — ont été publiés. Parmi eux, L’hiver nous demandera ce qu’on a fait l’été écrit par Henry Cuny, un ex-ambassadeur de France à Erevan pendant cinq ans.

« En revenant, quarante ans après, en Slovaquie sur les traces d’un amour de jeunesse, alors qu’il était stagiaire d’ambassade à l’époque du Printemps de Prague et de Mai 68, le narrateur s’immerge dans les fantasmagories du monde rom au cœur des paysages idylliques du “paradis slovaque” et découvre, à travers une plongée stupéfiante dans les archives de la Sécurité d’État, la terrible tB, alors l’équivalent tchécoslovaque du KGB, les secrets d’une relation qui n a pas fini de bouleverser sa vie. » … Lire la suite

Les leçons indiennes de Sanjay Subrahmanyam

Pour certains, le nom de Sanjay Subrahmanyam n’évoquera pas grand-chose. Pourtant, cet historien indien, né à Delhi dans une famille de fonctionnaires, est un personnage hors du commun. Polyglotte, il parle de nombreuses langues : outre le tamoul, sa langue maternelle, il connaît le hindi, l’ourdou, le persan, l’anglais, le français, le portugais, l’espagnol, l’italien, l’allemand, le danois, le néerlandais… Des connaissances linguistiques bien utiles dans son domaine d’expertise.

Sanjay Subrahmanyam

… Lire la suite