Entretien avec Ollivier Leroy

Avec cette nouvelle étape artistique, Ollivier Leroy nous amène encore plus loin dans la découverte de la musique indienne. Dix musiciens et une chanteuse directement venus de l’Inde qui peuvent nous demander s’il s’agit de Olliwood, Bolliwood ou Bollywood. Dans tous les cas, un pari osé !

En octobre 2002 (voir interview), nous nous sommes rencontrés à l’occasion du lancement du single Téri méri dhosti qui faisait partie d’un nouveau projet. Depuis cet entretien, comment s’est déroulée votre carrière ? Quel a été l’accueil du public ?

J’ai fait des concerts jusqu’en mai 2003, puis j’ai voulu faire un break pour enregistrer le disque et penser à ce nouveau spectacle qui me trottait dans la tête depuis plusieurs mois. L’accueil du public a été à chaque fois enthousiaste, mais il fallait un disque où quelques de neuf pour que mon projet « OLLI » avance et se développe.

Moins de deux ans se sont donc écoulés depuis la sortie de ce disque. Un voyage à Calcutta pour l’enregistrement de nouvelles chansons, la venue en France d’un orchestre indien, sous le titre de Bollywood Orchestra et ce, dans le cadre de festivals réputés comme les Vieilles Charrues et les Tombées de la Nuit. Pouvez-vous nous parler de ce séjour en Inde et de ce qui a amené à créer ce nouveau projet ?

J’avais envie de réaliser un album avec un concept où un thème récurrent, et on me disait souvent que mes chansons ressemblaient à des chansons de Bollywood, de plus, j’avais aussi par le biais du single « Téri méri dosthi » travailler sur scène et sur le disque avec du mixage vidéo d’images de films de « Bollywood » et un système « Karaoké » qui fonctionnait bien avec le public. L’envie de travailler réellement avec des musiciens indiens s’imposait de plus de plus, la rencontre avec Sourav Bose, un étudiant à Rennes dont les parents tiennent un cinéma à Calcutta depuis 1947 m’a permis de réaliser l’enregistrement et la rencontre des musiciens en Inde. Le séjour et l’enregistrement en Inde ont été une expérience musicale unique, j’ai pu enregistrer avec des cordes, des instrumentistes exceptionnels, les meilleurs du Bengale, je me suis vraiment senti dans mon élément, car pour une fois tous les instruments que j’aime pouvaient être joués par de vrais musiciens doués et non par des samples comme en France.

Comment s’est passé le séjour à Calcutta ? Quel a été l’accueil des Bengalis vis-à-vis d’un chanteur français qui chante en hindi ?

Le séjour a été rapide, uniquement orienté vers le travail de studio et des rencontres d’artistes/presse/réalisateurs, très enrichissants et passionnants. L’accueil des Bengalis a été très enthousiaste et des liens se sont créés rapidement. Les Bengalis sont des gens très curieux et cultivés, ils ont été très surpris de voir un français chanter en hindi, mais à la fois, ils ont vu que je baignais dans cet univers depuis longtemps, et les choses sont devenues naturelles très rapidement.

Quelle est l’image qu’ont les Indiens en général, et les Bengalis en particulier, de la scène musicale française ?

Je crois que c’est très loin pour eux et peu de productions françaises leur parviennent, à part peut-être ceux qui s’intéressent à la culture française et qui connaissent quelques références musicales de l’Hexagone.

Quelles ont été les difficultés dans l’organisation de ce spectacle ?

Une fois que j’ai eu calé le studio en Inde, je me suis dit que ce serait bien que le projet existe aussi sur scène, mais la difficulté de monter un tel projet était de trouver des partenaires financiers et médias. Les Tombées de la Nuit ont été les premiers à me dire « Oui », mais à condition que je trouve un autre festival, car le projet était lourd financièrement et aussi pour que l’on puisse organiser plusieurs concerts en France, le festival Les Vieilles Charrues ont ensuite accroché à l’artistique du projet, et les choses ont ensuite été très vite. La difficulté du projet, c’est la coordination avec les dix musiciens indiens de Calcutta et aussi le souci de boucler le reste du budget avec des subventions, sinon, le reste c’est l’artistique, et là, je prends mon pied.

Quelle a été la réaction des organisateurs des festivals lorsque vous leur avez présenté ce projet ?

Ils se sont montrés très vite intéressés, le projet les a séduits rapidement, car je crois que c’était une proposition assez unique et le courant est de suite passé.

Quel est le lien entre le Bollywood Orchestra et Olli ? S’agit-il d’une continuité ou bien est-ce encore un nouveau départ ?

C’est bien sûr une continuité, Olli étant mon nom d’artiste, il s’agit de présenter un spectacle dont le thème est « Bollywood » d’où l’idée d’ajouter « Bollywood orchestra » pour montrer qu’il s’agit d’une rencontre entre moi et des musiciens issus du cinéma de Bollywood et que donc le thème est Bollywood.

La Grande-Bretagne, de par sa forte immigration indienne, était déjà sensibilisée aux musiques modernes en provenance de l’Inde. Un mouvement de mode se développe aujourd’hui en France autour de Bollywood. Quelle est la raison de cet engouement ? Votre démarche s’inscrit-elle dans une optique commerciale ou bien est-elle différente ?

Si j’avais une optique commerciale, je crois que j’aurais fait une autre musique en France, cela fait plus de quinze ans que je chante en Hindi et que j’étudie la musique indienne sous toutes ses formes et que je monte des projets où j’essaie de fusionner ma culture occidentale et ma passion pour l’Inde et la voix, je ne me soucie guère de l’aspect commercial d’un projet, pour moi. Ce qui compte, c’est le contenu et la qualité artistique, musicale et vocale, de ce que je présente. Il y a dix ans tout le monde me prenait pour un fou ou pour quelqu’un qui se trompait de direction, aujourd’hui, j’ai prouvé, je pense que mon travail était de qualité et que ma passion pour l’Inde n’a jamais été démentie. Même, si « Bollywood » est entre guillemets à la mode où s’il permet une meilleure visibilité au niveau des médias, je pense que l’on est très loin de pouvoir de toute façon passionner la France entière, ça restera au moins en France, quelque chose qui intéressa un public averti et surtout je pense que l’on doit refaire une lecture de « Bollywood » à l’occidentale pour pouvoir toucher et élargir le public.

Qu’attendez-vous de ce spectacle ? Est-ce un évènement ponctuel ou bien débouchera-t-il sur quelque chose à long terme ?

J’espère développer et tourner avec ce projet sur du long terme, d’ailleurs nous avons déjà des dates programmées en salles pour mai 2005 et l’été 2005, tout en tournant régulièrement avec « Olli » sous sa forme trio. Ce spectacle « Olli and the Bollywood Orchestra » me permet d’être programmé dans des lieux plus importants et de renoms et de faire connaître mon travail plus largement, c’est déjà très bien !

Parlez-nous des musiciens indiens qui se produiront avec vous.

Les musiciens indiens sont tous originaires de Calcutta, il y a trois percussionnistes, deux violonistes, un joueur de sitar, harmonium/clavier, un bassiste, un joueur de oud/mandoline/rabab/djaas et une chanteuse Mou Mukherjee très connue au Bengale qui a obtenu de nombreuses récompenses. Il y aura Sylvain Barou, un excellent joueur de bansouri indien/doudouk arménien/programmations avec qui je travaille depuis un an et Alain Le Faucheur, un compagnon de route qui jouera de l’harmonium et clavier. Enfin, le mixage vidéo sur quatre écrans répartis sur la scène sera assuré par Jesse LUCAS, un Rennais très doué qui s’est formé en Angleterre.

Les chansons enregistrées lors de votre passage à Calcutta (qui a fait l’honneur de la presse bengalie, rappelons-le) sont-elles toutes de vieux standards des films indiens ou bien aussi vos propres compositions ?

Il y aura à la fois de vieux standards des films indiens réactualisés et réarrangés par l’apport de sons et rythmiques électroniques, et bien sûr des compositions orchestrées dans le style actuel de Bollywood dont les textes ont été écrits par Aparna Narayan, une artiste de la Réunion, anciennement installée à Rennes. Cela se concrétisera bientôt par un album ? L’album devrait sortir au printemps 2005, avant la prochaine tournée.

Avez-vous l’intention de retourner en Inde dans le cadre de votre parcours d’artiste ?

Bien sûr, pour y faire cette fois des concerts j’espère.

Propos recueillis par Pascal Marion (juin 2004).

Écouter un extrait d’OLLI

Discographie

Pändip

  • 1998 : Albums « Parfums » (Keltia musique)
  • 1999 : Mini L.P. (3 titres) (Autoproduction)
  • 2001 : Mini L.P. (4 titres) (Autoproduction)

Shafali

  • 1999 : Mini L.P (4 titres) (Amoc/Faune Production)

Olli

  • 2002 : Single « Téri méri Dosthi » comprenant un remix de Paul Kendall (Depeche Mode…) de 7’15″

Olli and the Bollywood Orchestra

Contreo

Participations

Avec « MUKTA » premier album (Warner Music). Avec « LA TORDUE » single « Pétrin » contre la double peine à paraître chez Sony music.

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